Adèle Clapperton-Richard
Candidate au doctorat en sciences géographiques
Titre du projet:
Nitassinan : espace accaparé et territoire vécuRésumé du projet:
Le projet s’inscrit dans un partenariat avec le secteur Territoire et ressources du Conseil des Innus de Pessamit, qui souhaite produire un outil d’aide à l’évaluation des impacts cumulatifs des développements industriels sur leur Nitassinan (territoire ancestral). Les Pessamiulnuat (Innus de Pessamit) ont constaté des lacunes dans les études d’impacts menées par les promoteurs ou les gouvernements, notamment sur la considération des enjeux sociaux et culturels de leur communauté, et de leur mode de gouvernance des terres ancestrales. La réalisation de cet outil vise donc à élargir la compréhension du concept d’impacts cumulatifs, par l’analyse des différentes étapes de l’accaparement territorial avec une approche de géographie à la fois historique et culturelle. La recherche met en lumière les tensions entre développement externe et occupation autochtone du territoire, et permet de documenter les bouleversements territoriaux qui en résultent. Elle s’inscrit aussi dans un contexte où la Première Nation de Pessamit souhaite recueillir l’expérience des changements sur le Nitassinan par les membres de la communauté, notamment les femmes et les aîné·e·s, afin de mieux cerner la façon dont les différents développements ont impacté leur mode de vie, leurs pratiques culturelles et leurs savoirs. Deux objectifs ont donc été poursuivis. Le premier a été de réaliser un portrait géohistorique de l’évolution du Nitassinan de Pessamit, en y recensant les principaux développements industriels (foresterie, hydroélectricité, villégiature). Le second a été de documenter les rapports, pratiques et savoirs territoriaux des femmes de Pessamit, ainsi que leurs points de vue sur les développements et changements sur le territoire à travers leurs récits de vie. Le portrait géohistorique des activités industrielles sur le Nitassinan de Pessamit a été réalisé à partir de recherches en archives et d’inventaires cartographiques. En recensant les principaux développements sur le territoire au cours des dernières décennies, il vient catégoriser des phases de l’accaparement territorial par la foresterie, l’hydroélectricité et la villégiature. L’étude des impacts sociaux et culturels de ces développements sur les rapports au territoire des femmes de Pessamit a été quant à elle effectuée à travers la collecte de leurs récits de vie par le biais d’entrevues semi-dirigées ainsi que d’un travail de cartographie participative. L’interprétation des données, autant dans le recensement cartographique que dans les récits de vie, se fait à travers un processus constant de consultation et de validation avec les participantes, de même qu’avec le secteur Territoire et ressources. Ces données servent directement à la création de l’outil d’aide à l’évaluation des impacts cumulatifs. La démarche partenariale et collaborative est un aspect fondamental de cette recherche, qui vient clairement l’enrichir à chacune des étapes. L’apport de Mélanie Bellefleur, gardienne de territoire et co-chercheuse dans le projet est à cet égard inestimable : non seulement les entrevues ont été menées à deux, mais toutes les analyses ont ensuite été réfléchies et construites ensemble.
Bourse(s):
- Bourse de fin de rédaction (2023)