Alice Miot-Bruneau
Candidate au doctorat en anthropologie
Titre du projet:
Les rôles et perspectives des femmes inuit dans les espaces institutionnels et infra-institutionnels en matière de gestion de l’environnement au Nunavik.Résumé du projet:
Cette recherche vise à comprendre les perspectives des femmes inuit sur la gestion du territoire au Nunavik (Nord du Québec), et les rôles qu’elles occupent au sein et autour des espaces institutionnels chargés de cette question. Au Nunavik, plusieurs institutions composent un système de gouvernance collaborative du territoire et de ses ressources, chargé notamment de l’évaluation de l’impact environnemental de projets de développement et de la gestion des parcs régionaux. Or les femmes inuit sont globalement peu représentées dans ces espaces. Leurs voix ne semblent pas autant prises en compte que celles des hommes, considérés comme les détenteurs des savoirs les plus légitimes en matière environnementale. Dans les processus décisionnels comme dans les recherches en contexte inuit, les observations sur l’environnement sont surtout documentées à partir des points de vue des hommes inuit et de leurs activités. Ceci est paradoxal, car les femmes inuit du Nunavik sont pourtant nombreuses à prendre la parole sur ces questions, notamment sur la scène internationale, comme en témoignent les figures de Lisa Koperqualuk ou Sheila Watt-Cloutier. De plus les rapports de genre dans les sociétés inuit sont caractérisés par la complémentarité et la flexibilité. Les hommes et les femmes inuit ont tendance à jouer des rôles distincts dans leur communauté, et donc à détenir des savoirs complémentaires sur l’environnement. C’est pourquoi cette recherche vise d’abord à documenter et analyser les perspectives des femmes inuit sur l’environnement et sa gestion. Il s’agit de comprendre si leurs rôles dans les sociétés inuit, et les connaissances qui en découlent, les conduisent à développer une certaine vision du territoire et de la façon d’en prendre soin. J’examine les points de vue représentés dans les institutions qui règlementent et protègent l’environnement du Nunavik, et la place qui occupent les perspectives des femmes inuit. Ensuite, cette recherche permet de cartographier la participation des femmes inuit au sein et autour des espaces institutionnels en matière de gestion du territoire. Étant donnée la faible représentation des femmes dans ces institutions formelles, il est nécessaire de s’intéresser à leurs rôles en dehors de celles-ci. Cette recherche développe alors le concept d’espace infra-institutionnel, qui renvoie aux lieux et modes informels de la participation politique: les activités pratiquées par les femmes inuit sur le territoire, ou autour desquelles elles gravitent (via les hommes de leur entourage par exemple), leurs activités communautaires, leur emploi salarié, et des prises de parole individuelles et publiques. Cette proposition permet de mettre en évidence les contributions souvent invisibles des femmes autochtones aux institutions politiques et sociales, mais tout aussi essentielles à la conduite de l’action politique. J’examine les facteurs qui favorisent ou bien limitent la participation des femmes inuit à la vie politique et institutionnelle en matière environnementale. J’interroge la façon dont les perspectives des femmes inuit sur l’environnement circulent d’un espace à un autre. A l’aide d’une approche participative et collaborative, cette recherche vise ainsi à favoriser des institutions environnementales ouvertes et inclusives, où sont représentées une diversité de perspectives et de pratiques.
Bourse(s):
- Subvention à la mobilité (2022)