François-Xavier Cyr
Candidat au doctorat en anthropologie
Titre du projet:
Exploration ethnographique de la collaboration entre le Québec et une nation autochtone dans la gestion du territoire forestier : le cas du Régime Forestier Adapté de la Paix des BravesRésumé du projet:
Ma recherche doctorale porte sur l’étude d’un processus de gestion collaborative concernant la forêt boréale, qui réunit le gouvernement du Québec et les Cris d’Eeyou Istchee : le Régime Forestier Adapté (RFA) de la Paix des Braves. Le RFA fut créé par le biais d’une entente signée en 2002 entre le gouvernement du Québec et le Grand Conseil des Cris : la Paix des Braves. Cette entente a mis sur pieds, entre autres, un régime forestier adapté au territoire des Cris. Pour s’assurer de la mise en œuvre de ce régime forestier adapté, les Cris et le Québec ont mis sur pied le Conseil Cris-Québec sur la foresterie, et les groupes de travail conjoint; le premier travaillant à l’échelle régionale et les seconds à l’échelle locale. L’étude ethnographique du processus du régime forestier adapté permet jeter un éclairage sur le dialogue concernant la gestion du territoire forestier établi entre les Cris et le Québec au travers d’un processus de collaboration officiel. L’année et demie de recherche terrain, qui me fut rendue notamment possible grâce à la bourse d’excellence de la chaire Louis-Edmond Hamelin, m’a permis de comprendre quelles sont les possibilités, les contraintes et les limites de ce dialogue. La question de recherche qui orienta ma collecte de données est : Comment la Nation crie et le Gouvernement du Québec mettent-ils en œuvre une gestion collaborative du territoire forestier d'Eeyou-Istchee par le biais du régime forestier adapté ? Afin de répondre à cette question, mon processus de recherche fut orienté vers l’atteinte de trois objectifs. 1. Dans un volet historique, j’ai identifié les moyens pris par la Nation crie et l’État québécois pour négocier leur collaboration dans la gestion du territoire forestier d’Eeyou Istchee; 2. Dans un volet ethnographique, j’ai retracé les arrangements institutionnels, les processus et les réseaux utilisés par les Cris et le Québec pour maintenir et exercer leur collaboration dans la gestion du territoire; 3. Dans un volet prospectif, j’ai identifié les aspirations des acteurs impliqués dans la gestion du territoire forestier d’Eeyou-Istchee et la façon dont ces perspectives influencent le dialogue qu’on y retrouve entre le Québec et les Cris. L’idée principale de ce projet est donc de comprendre un dialogue. Au fil de mes études, je me suis rendu compte que ce qui m’intéressait réellement, à un niveau tant intellectuel que personnel, c’est de comprendre comment les individus et les groupent se parlent, comment ils interagissent, surtout dans un contexte où ces mêmes individus et ces mêmes groupes viennent à priori d’endroits, de cultures, de réalités sociales différentes. J’ai vu dans l’étude d’un processus « biculturel » cette opportunité. La perspective ethnographique que j’ai adopté m’a permis de jeter un éclairage sur des subtilités de ce type de relations qui ne se retrouvaient pas dans la littérature anthropologique. En anthropologie, les relations États/autochtone sont souvent analysées avec des lunettes permettant d’y voir surtout de la domination ou de la résistance à une tentative de domination. Bien sûr, l’idée n’est pas de renoncer à ces perspectives, puisqu’elles sont en grande partie vraies. L’idée de ma recherche est plutôt de prendre le temps de me pencher sur un cas bien précis et de relever les subtilités de ces relations en observant directement comment elles s’opérationnalisent au jour le jour et d’ainsi contribuer à la réflexion concernant les relations qu’entretiennent les Québécois et les peuples autochtones autour du territoire qu’ils partagent.
Bourse(s):
- Bourse de fin de rédaction (2021)
- Bourse d’excellence (2017)