Bourse d’excellence 2020

Myrtille Bayle
Candidate à la maîtrise scientifique en architecture
Vers une architecture qui fait du sens : favoriser l’intégration des valeurs et des attentes des Inuit dans l’habitation au Nunavik
Résumé du projet:
La relation qu’entretient l’habitant Inuit du Nunavik avec son habitation a fortement évoluée avec la sédentarisation et l’arrivée de la production du logement gérée par l’État. Le lien entre la forme de la maison et la vie sociale s’est perdu à faveur d’une standardisation du logement qui laisse peu de place à l’intégration des pratiques locales et des valeurs des habitants. Les milieux de vie et d’habitation des Inuit d’aujourd’hui sont les témoins d’une appropriation culturelle hybride entre un schéma de l’habiter importé et imposé par les autorités gouvernementales et un mode de vie hérité de la culture nomade. Cette appropriation témoigne d’un besoin d’ajustement de l’habitation aux valeurs inuit actuelles. Ainsi, dans un contexte où la relation habitant/logement est marquée par un fossé entre l’espace conçu par les autorités et l’espace perçu et vécu par les habitants, comment favoriser l’intégration des significations et des qualités essentielles de l’Habiter inuit afin de contribuer à concevoir une architecture significative pour l’habitant? Cette recherche vise à comprendre les valeurs, les pratiques et les définitions inuit de l’Habiter, et à répertorier les attentes des habitants en termes de qualités architecturales et d’expérience, comme une nouvelle base conceptuelle de réflexion pour la production de modèles d’habitation culturellement significatifs. Concevoir une architecture qui fait du sens c’est d’abord comprendre l’essence même d’une maison, sa définition, son idée symbolique, mais aussi les gestes, les pratiques et les habitudes des habitants, afin de pouvoir ensuite traduire le tout adéquatement en une forme bâtie sensée. À partir des écrits et des paroles, scientifiques, littéraires et gouvernementales, l’habiter contemporain inuit se définit à la fois à travers l’imaginaire et le mode de vie hérité de l’habitus nomade, mais également par l’influence héritée des politiques gouvernementales en matière de logement. Pour les Inuit, la maison est un morceau d’univers qui témoigne de l’appartenance collective à Nuna, la terre des Inuit. La maison se définit également comme un corps protecteur et un point d’ancrage qui participe à l’élaboration de l’identité et des valeurs du groupe. C’est un espace social qui se déploie comme un espace collectif, ouvert à tous, et qui se définit avant tout par les relations sociales. Cette analyse de la maison confirme la confrontation d’une pratique nomade de l’espace dans un environnement sédentaire et met également en évidence l’importance de favoriser l’intégration de l’habitant dans la production de leur maison. Elle vise à sortir de la vision réductrice de la maison comme un simple objet conteneur d’espace, fermé sur lui-même, mais plutôt comme un espace ouvert et vivant, faisant partie intégrante de son environnement et qui participe à l’amélioration des milieux de vie.