Bourse d’excellence 2018

Élisa Gouin
Candidate au doctorat à l'École d'architecture
Recherche-action partenariale en aménagement dans les milieux autochtones au Nord du 49e parallèle : analyse des processus participatifs en contexte innu
Résumé du projet:
Ce projet de thèse s’articule autour de la construction d’un cadre d’évaluation du processus et des effets de projets de recherche-action partenariale en contextes autochtones. La méthodologie retenue est une étude de cas s’attardant à la longue relation partenariale entre la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam et l’École d’architecture de l’Université Laval. La participation aux processus de planification du territoire est perçue par plusieurs chercheurs comme une réponse appropriée pour développer un aménagement adapté aux cultures autochtones. Cette participation, partie prenante de toute démarche de recherche partenariale, est valorisée – en fait elle est même exigée – par les organismes subventionnaires, toutes disciplines de recherche confondues. Or, la littérature n’a pas montré, à ce jour, de cadre évaluatif réellement adapté à la recherche partenariale en contextes autochtones. Il y a donc lieu d’aborder l’évaluation ces initiatives de recherche de manière systématique (théorique et empirique) pour être en mesure de comprendre les rouages et les effets de ces processus de recherche. Une théorisation de la recherche partenariale en contextes autochtones est effectuée, à partir du concept d’espace partenarial, développé notamment par des chercheurs de la Chaire UQAM sur la recherche partenariale. L’espace partenarial permet de traduire la médiation entre les acteurs qui prennent part à un processus intersubjectif. Le concept d’intersubjectivité et la reconnaissance des différents types de savoirs apparaissent comme des éléments particulièrement critiques au sein de l’espace de recherche partenariale en contextes autochtones. L’espace partenarial de recherche en contextes autochtones est un espace de relationalité situé à la rencontre entre chercheurs et leurs partenaires, les communautés autochtones. La relationalité est le caractère fondamentalement réel des relations sociales chez les Autochtones, au-delà de la réalité tangible en elle-même, telle que perçue dans une perspective occidentale. La rencontre des partenaires occidentaux et autochtones, qui incarnent différents paradigmes, portés par des ontologies tout aussi différentes, est particulièrement critique, car les relations sociales sont au centre de l’espace partenarial. L’authenticité partenariale n’est pas particulièrement discutée jusqu’à présent dans la littérature, elle apparaît pourtant comme un concept porteur pour qualifier des projets de recherche partenariale en contextes autochtones. Elle peut chapeauter les éléments diffus et tangibles identifiés par d’autres chercheurs, que l’on rapporte aux facteurs de succès et d’insuccès de la recherche partenariale. Ces facteurs esquissent les grandes lignes du cadre évaluatif à construire pour une évaluation adaptée aux contextes autochtones, conscient des enjeux que pose cet exercice en vertu des valeurs d’autodétermination, de relationalité et de décolonisation. Ils s’attardent tout autant au processus (par le biais de la gestion des pouvoirs et des aptitudes relationnelles qui s’opèrent dans tous les temps d’un partenariat : avant, pendant et après) qu’aux effets des projets partenariaux (immédiats, à moyen et à long terme).